samedi 19 avril 2014

Merci William !


Ce soir, chers lecteurs et chères lectrices, je tiens à vous informer que nous avons un invité... de marque ! Mais pas de n'importe quelle marque, je parle du mastodonte français de la conserve, le n°1 du cassoulet et du petit salé aux lentilles, le roi du mitonné savoureux, donnez-moi un W, donnez-moi un S, j'appeeeeeeelle William SAURIN !

Ça parait pas comme ça mais William Saurin est l'un de nos plus anciens et plus importants cocorico de l'agroalimentaire. Petit flash-back en arrière, arrêtons nous à la fin du XIXème siècle, en 1892 précisément dans la petite ville de Saint-Mandé en région parisienne (Oui les provinciaux ne connaissent pas St Mandé !). Face à vous une petite épicerie, tenue par un certains Emmanuel Adolphe William Seurin, qui prend le pari de la réussite de la conserve et en fait son cheval de bataille. 120 ans plus tard, ses descendants sont n°1 sur le segment des plats cuisinés en conserve avec environs 35% de parts de marché.

Le décor posé, on va pouvoir aller plus loin. Là où cette marque est intéressante c'est son choix délibéré de ne se positionner qu'exclusivement sur les recettes traditionnelles françaises. Bœuf bourguignon, blanquette de veau, cassoulet du Languedoc ou encore le nouveau venu en la tartiflette façon Willy, autant de recettes qui ont fait la gloire de la marque en France mais aussi à l'étranger et notamment sur le continent américain. Ainsi, quoi de plus normal que de retrouver le spot publicitaire ci-dessous démontrant par analogie ou autre métaphore le cœur de métier de WS.



Notons le chêne et sa symbolique de longévité extraordinaire, longévité conditionné à l'eau qui nourri ses racines. Il est un peu comme ça William, c'est un peu comme l'enfant qui préserve ce qui est bon. C'est le protecteur de la cuisine française, le gardien du bon goût d'antan face aux invasions barbares de la gastronomie (Bon, la bouffe de merde américaine quoi disons-le...). Même si la marque surjoue un peu l'ampleur de son métier, on ne peut clairement pas lui reprocher de jouer le jeu de la mondialisation et de l'uniformisation des goûts. Sa production est encore franco-française et il est étonnant que WS n'ai pas reçu la médaille du mérite de la part du marin 1ère classe Montebourg.



Mais (car il y a toujours un "mais"), et même si William Saurin peut se prévaloir d'être le premier annonceur télévisuel  communiquant sur de la conserve (1968), cela ne l'a pas empêché de tomber dans la facilité, usant de stéréotypes ou de stars en vogue pour promouvoir ses produits novateurs. Entre autre, prenons le cassoulet du Languedoc. Sans vouloir être chauvin (un peu quand même ^^ ), le cassoulet vient de l'Aude, et l'Aude c'est en Languedoc. Mais ça le créatif, il s'en branle. A quoi pense-t-il dans sa petite tête de pseudo artiste parisien : "Le cassoulet c'est provincial tu vois (Oui parce-qu'en France, on a Paris et le reste d'où la province, vaste territoire sauvage, tout juste hospitalier mais sympa pour y passer des vacances...), donc il faut quelqu'un avec un accent qui chante le soleil (Non pas Julien clerc...). Tiens si on prenait Maïté ? Elle a l'accent, elle est connue, elle est sympa et elle est grosse donc bonne vivante donc conviviale. Banco se dit à se moment là WS. ERREUUUUUUUUUUUUUUR !!!!! Déjà Maïté, elle est landaise et bim ! Non monsieur, tous les accents ne se valent pas. Et puis il faut arrêter, j'ai beau aimer Maïté, elle présenterai de la merde c'est pas pour autant que j'en achèterai. Mais ça les annonceurs, ils kiffent. On sait tous que cette bonne dame est grassement payée pour dire son argumentaire, et il est complètement stupide de faire confiance à une personne que l'on ne connait qu'unilatéralement. Mais comme on ne peut pas goûter, on est bien obliger de croire la personne qui nous parle. C'est d'autant plus dégueulasse car :


  1. Maïté, vu ses engagements culinaires, n'est pas prête à servir ce type d'aliment. Elle le fait elle-même.
  2. Seul les plus crédules (les vieux et autres faibles d'esprit) seront victimes de cette manipulation et ça pour moi, c'est de l'abus de faiblesse.
En fait, il y a un deuxième "mais". Et il est intimement lié au spot TV de 2014 que vous avez ci-dessous : 


Ce qu'il faut savoir avant toute chose, c'est que William Saurin a été le pionnier dans la barquette plastique pouvant être réchauffée au micro-onde. Bon point. Mais après... *soupir*, c'est limite fatiguant en fait... Bon côté forme, WS part sur la tendance du moment du micro sketch comme on en trouve partout ailleurs : "Bref", les voisins, parents mode d'emploi, scènes de ménage... Et ce depuis l'institution que fut "un gars/une fille". Réutiliser donc ce format à des fins publicitaires, why not. Mais entre le père qui découvre l'utilisation du micro-onde et qui du coup, fier de sa "cuisine", s'extasie sur un plat préparé réchauffé. Entre la grognasse de mère et son faux accent du sud. Mais putain, aucun sudiste de ce nom a un accent pareil ! "T'as ton matche de rugueby !" Oui n'oublions pas que le sud = rugby. L'espèce d'ado mou du bulbe et forcément insolent (je sais que ce comportement caractérise grossièrement cette période de croissance des jeunes mais enfin continuons à faire passer des ados pour des tarés congénitaux...). Tous les clichés y passent. Alors vous pourriez me dire : "Oui heuuu mais c'est fait exprès, c'est pour faire rire." Ben en fait, ma réponse se résumera à ça...

William Saurin est une marque française qui rivalise avec les plus grands de l'alimentaire et a su se développer intelligemment depuis plus de 100 ans. Toujours novateur, prenant des risques, il est par contre dommage que ce ne soit pas le cas des spots publicitaires qui eux, s'alignent sur la médiocrité ambiante en matière d'alimentation. I have a dream : Celui où les annonceurs arrêteraient leurs mièvreries, leurs balivernes et autres clichés débiles. Je rêve que lorsqu'on cherche à me vendre de la bouffe, qu'on me dise juste avec quoi c'est fait, honnêtement, que c'est bon, et que si ça me plait pas, qu'ils en soient désolé. Qu'on arrête de vouloir me donner un orgasme à chaque fourchetée de torsades bolognaise. Qu'on arrête de me faire croire que le cuisiné tacle fièrement le fait maison. Mais malgré tout, disons que WS nous aide à survivre dans notre société toujours plus chronophage, en nous donnant des plats aussi mangeables que puisse l'être une barquette conditionnée... Merci William, mais peut mieux faire.


Pour aller plus loin :
http://fr.wikipedia.org/wiki/Cassoulet
http://fr.wikipedia.org/wiki/Ma%C3%AFt%C3%A9
http://www.william-saurin.fr/
http://fr.wikipedia.org/wiki/William_Saurin

2 commentaires:

  1. Non mais moi, surtout ce qui me tue c'est qu'on puisse vendre hors de prix ... des pates à la bolognaise!!! Toute prête qui vont mettre plus de temps à réchauffé qu'à faire!!! Reconnait au moins que pour réussir cet exploit, William Saurin est u pro de la manipulation commerciale (il vendrait probablement des après ski à des papous...)

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  2. C'est hélas le prix du service rendu. Sans compter que nous avons à faire avec la barquette XXL donc d'un poids supérieur justifiant une valorisation du prix. Le véritable problème c'est ce que j'aborde en fin d'article c'est à dire la société chronophage. Des temps de transports toujours plus longs, des horaires de travail de moins en moins flexibles pour ne pas perdre en productivité, une double activité mettant la famille un peu sur le côté de la route... (et je ne parle pas des familles monoparentales dont le quotidien équivaut au marathon de Paris). Pourquoi perdre du temps à cuisiner alors que des marques comme WS font un très bon substitut ? Le prix en devient donc secondaire...(du moins pour la cible en question.)

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