samedi 11 janvier 2014

Les huîtres Arcochon Cap Fessée, un moment de "plaisir" à gerber.



Alors que nos ventres se remettent à peine de l'orgie noëlienne, que nous avons souhaité à notre façon l'arrivée de la nouvelle année, je tenais à effectuer avec vous une analyse d'une publicité relativement courante durant cette période.

Mais avant d'aller plus loin, prenez quelques minutes pour la visionner si ce n'est déjà fait... ... ... Vous revoilà ? Toujours vivant ? Vous comprenez à présent peut-être mon choix.

Alors oui peut-être certains trouverons mon manque d'humour, qu'on peut rigoler de tout (thème très tendance en ce moment par ailleurs) et je serai d'accord avec vous. Mais bon, à un moment donné, il ne faut pas (plus ?) que l'humour tourne au ridicule sous peine de devenir pathétique.

Après tout, nos pauvres huîtres n'ont rien demandé... Pourquoi les traiter de la sorte, elles qui, depuis des millénaires, nourrissent les Hommes. Elles qui, sous la Grèce antique, était le repas du peuple et dont les coquilles servaient de bulletins de vote à chaque citoyen. Quel beau symbole de liberté et de partage.

Mais revenons au bassin d'Arcachon. La scène :

  • Un restaurant, ambiance romantique (qui ne dure guère que 12 secondes...), bougies, roses rouges, vin blanc. Tous les instruments symbolisant l'amour naissant, la période dangereuse de la conquête où l'on use de toutes nos ressources pour plaire à l'autre, lui faire la cour, créer un lien empathique qui mènera à l'affection réciproquement ressentie.
  • Un couple : une blonde, un brun. Portrait classique du fantasme des deux genres.
  • L'homme sert le vin et le festival (de l'huitre) démarre. Voici un florilège d'espoir à forte connotation sexuelle sur près de 20 secondes alliant jeux de regard, ton plus qu'exagéré, tics gestuels et mimiques évocatrices d'un fort appétit cher notre beau brun, et lèvres mordillées pour notre grosse cochonne de blonde.
  • Et là, arrive le serveur comme si de rien n'était (bien sûr... what else ?), voici les huîtres de ce si beau terroir qu'est Arcachon Cap Ferret.
Que dire de tout cela... Il est vrai qu'après mon premier visionnage (sorte de dépucelage gastronomique), est resté un long silence caractéristique du WTF ??? (ndr : What the fuck ?, de circonstance comme vous le constaterez chers lecteurs(trices)). Ce n'est qu'ensuite que l'évidence m'a sauté aux yeux comme le brun sur la blonde à la fin de notre histoire (probablement). Voilà le retour de la femme, arme de consommation massive. Bien que le thème du sexe peut bien évidemment être utilisé lors de scénarii publicitaires afin de faire passer par l'humour le message donné (comme la très bonne pub de Stimorol avec les naturistes), nous sommes ici dans le graveleux, le pornographique, rien qui ne fasse honneur au produit de qualité de nos amis ostréiculteurs. 


Mon passage préféré reste le  : "Faut que je fasse attention à ne pas m'en mettre partout." Bordel ! On sait qu'il suffit de mettre une femme à poil, ou à la plastique parfaite(ment retouchée) pour que le message impacte notre cerveau (surtout celui des hommes). Mais si je devais décerner le prix de la pub la plus sexiste de cette période de fêtes, et bien sans conteste, celle-ci serait toute désignée. Outre la mise en lumière de la non créativité des créatifs (ceux qui pensent les pubs), on tombe dans le facile, le gras et le pathétique. Merci Arcachon de nous rappeler qu'entre l'homme et la femme, les relations relève de l'ère du bronze (Grunt ! moi vois, moi baise !). Merci de nous rappeler que quand on a aucune idée, une bonne histoire de boules suffit à faire passer la pilule (si on oublie pas de la prendre). Remarque pour une fois, la parité est respectée, chaque sexe a droit à ses répliques dont ils peuvent en fantasmer les représentations.

Même si par le passé et notamment au XVIIIème siècle, l’huître était considérée comme mets aphrodisiaque qui inspira moult artistes (prenez le Un repas d'huîtres de Frans Van Mieris en 1661), d'ailleurs le Roi Soleil connu pour sa fertilité sans bornes et Casanova lui-même en consommaient énormément, ce sont les codes de l'érotisme que l'on retrouvait. Très loin, à des années lumières, Arcachon Cap Ferret nous offre un spectacle désolant qui non content de participer aux poncifs malheureux de notre société, nous laisse avec un goût désagréable, ("J'espère qu'elle n'est pas trop salée..." Ta gueule bordel !) une sorte d'indigestion publicitaire dont le remède ne peut provenir que par un saint retour à l'envoyeur.


Pour aller plus loin : 
Hors série Charlie Hebdo "A bas la pub !" Novembre - Décembre 2013.

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